L'Italie ferme le Web 2.0
Ahh, l'Italie, mais si, vous savez, ce pays voisin dont les pratiques - dirons-nous - peuvent parfois sembler si lointaines de celles d'une grande démocratie occidentale... L'Italie, qui cette semaine, semble avoir décidé, d'un trait de plume, de fermer les portes du Web 2.0, rien que ça...
Un tribunal vient en effet de condamner trois cadres américains de Google... leur faute ? Avoir laissé publier sur Youtube - qui appartient à Google - une vidéo, certes infecte, montrant un enfant handicapé presque martyrisé par ses camarades de classe... Une vidéo que Youtube aurait trop tardé à retirer. Tarif: six mois de prison, avec sursis, et estimez vous heureux, le parquet réclamait un an ferme.
On imagine d'ici la vélocité à laquelle on est tombé de sa chaise chez Google, et pour cause: depuis longtemps déjà, tous les sites qui permettent aux internautes de publier leurs créations sont assimilés en droit à des hébergeurs, des services qui laissent la responsabilité du contenu à celui qui le publie... En cas de problème, tous savent recevoir un signalement des vidéos pirates, indécentes, ou litigieuses... à eux de retirer les contenus à problème.
Or, dans l'esprit des juges italiens, Google, Youtubeet les autres devraient se mettent à faire la police dans les images, les vidéos et les textes que les internautes leur envoient AVANT de les publies... Facile à dire, quand on sait que chaque minute, ce sont 20 nouvelles heures de vidéo qui sont publiées sur Youtube. Et que dire des centaines de millions de photos de Facebook, des millions de blogs de Wordpress, Overblog et les autres... Autant dire une vue de l'esprit, loin de la vie réelle...
Si l'aberration des juges romains devait faire tâche d'huile, c'est un autre web, plus proche du minitel qui en naîtrait... et autant de sites et d'entrepreneurs du web forcés à l'exil... Pour le coup, quand Google crie à l'internet qu'on assassine, ce n'est pas une exagération...
Seule bouée de sauvetage pour l'internet italien: le droit européen, qui a lui porté noir sur blanc le statut et la protection des hébergeurs... On respire, au moins pour l'instant...